DISPERSION

Alors qu’Israël n’existait pas en tant que nation et qu’il était sur le point de la faire entrer dans le pays que Dieu lui avait promis, Moïse prédit, avec une précision étonnante le futur exact du peuple juif. A trois reprises, il se trouve que le prophète évoque la dispersion du peuple parmi toutes les nations :

1ère mention :

L’Eternel te fera battre par tes ennemis ; tu sortiras contre eux par un seul chemin, et tu t’enfuiras devant eux par sept chemins ; et tu seras un objet d’effroi pour tous les royaumes de la terre : Deutéronome 28,25.

C’est ce qui se produisit au temps où l’Assyrie déporta Israël et mit fin à son existence en tant que nation. Asaph, dans un psaume, en donne la raison : Ils contrarièrent Dieu par leurs hauts lieux ; ils provoquèrent sa jalousie par leurs statues. Dieu entendit et il s’emporta. Il rejeta complètement Israël. Il délaissa la demeure de Silo, la tente où il demeurait avec les humains. Il livra sa puissance à la captivité et sa splendeur à l’adversaire : Psaume 78,58 à 61. Nous sommes ici en – 722 av. J-C.

2ème mention :

Le Seigneur te fera marcher, toi et ton roi que tu auras placé à ta tête, vers une nation que tu n’auras pas connue, ni toi ni tes pères. Là, tu serviras d’autres dieux, du bois et de la pierre. Tu deviendras un sujet de stupéfaction, de fable et de raillerie parmi tous les peuples chez qui le Seigneur te mènera : Deutéronome 28,36-37.

Là aussi, remarquons la précision étonnante de la prophétie ! Moïse ne parle pas seulement de la déportation du peuple. Il mentionne aussi son roi, le roi qu’Israël se sera choisi, ce qui se produisit au temps de Samuel. Moïse mentionne aussi une déportation orientée surtout vers une nation. C’est ce qui se produira au cours de ce que l’on appelle le second exil. Jérusalem et tout le royaume de Juda sera pris par Nabuchodonosor, le roi babylonien. La maison de Dieu sera brûlée, le roi Sédécias déporté et il ne restera plus rien de la gloire passé d’Israël. Nous sommes ici en – 587 av J.C.

3ème mention :

Le Seigneur te dispersera parmi tous les peuples, d’une extrémité de la terre à l’autre. Là, tu serviras d’autres dieux que ni toi, ni tes pères, n’avez connus, du bois et de la pierre. Parmi ces nations, tu ne seras pas tranquille, et tes pieds ne trouveront pas de lieu de repos. Le Seigneur rendra ton cœur agité ; tes yeux seront épuisés et ta vie affaiblie : Deutéronome 28,64.

Comment ici ne pas penser à la troisième dispersion des Juifs en l’an 70 après Jésus-Christ ! Depuis ce moment, Israël n’a jamais connu de vrai temps de repos. Objet de la haine de la chrétienté puis des musulmans, le juif errant est le bouc émissaire de tous les maux de la terre.

La parole prophétique de Moïse s’est accomplie ! La 3ème dispersion des Juifs, suivie de la naissance de l’Eglise de Jésus-Christ, scelle-t-elle pour autant le sort définitif de la nation juive, en tant que peuple choisi. Le Messie, qui est appelé la gloire d’Israël, l’est-il seulement dans un sens spirituel ? C’est ce que nous voulons essayer de comprendre.

RETOUR

Si l’on s’en tient juste au discours de Moïse, la réponse à ses questions est évidente. Si Moïse s’était arrêté sur le plan prophétique au chapitre 29 du Deutéronome, oui, l’on pourrait conclure qu’une fois la 3ème dispersion survenue, c’en était fini d’Israël. Dieu se serait lassé de lui et l’aurait désormais exclu de Son dessein. Mais ce n’est pas là le langage que tient Moïse :

Si tu reviens au Seigneur, si tu l’écoutes de tout ton cœur… alors le Seigneur, ton Dieu, rétablira ta situation. Il aura compassion de toi, il te rassemblera encore d’entre tous les peuples où le Seigneur t’aura dispersé. Quand tu serais banni aux extrémités du ciel, le Seigneur, ton Dieu, te rassemblera de là, il te prendra de là. Le Seigneur, ton Dieu, te ramènera DANS LE PAYS DONT TES PERES AVAIENT PRIS POSSESSION ; il te fera du bien, te rendra plus nombreux que tes pères. Le Seigneur circoncira ton cœur et le cœur de ta descendance pour que tu aimes le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur… Le Seigneur te comblera de biens en faisant prospérer tout le travail de tes mains, le fruit de ton ventre, le fruit de ton bétail et le fuit de TA terre… : Deutéronome 30,2 à 6.9.

S’il y a eu, pendant des siècles, méprise de la part des nations quant à l’interprétation à donner la dispersion, au malheur et aux différents exils vécus par le peuple juif, il n’y en a jamais eu de la part de Dieu. Il n’a jamais été dans l’intention, à aucun moment et à aucun endroit dans toute la Bible, de la part de Dieu de rejeter le projet qui fut le sien dès l’origine avec Israël. Certes, l’Eglise de Jésus-Christ peut à juste titre être appelée aussi l’Israël de Dieu. Mais vouloir substituer entièrement les promesses faites spécifiquement à Israël comme nation pour les appliquer à l’Eglise, c’est outrepasser le sens des textes et donner aux mots qu’ils utilisent pour décrire la réalité une connotation qui n’y figure pas.

« Si Israël n’a plus aucun avenir, si nous devons le  considérer comme définitivement rejeté par Dieu quant à sa destinée et sa vocation ; si nous devons attribuer à l’Eglise par le jeu d’une exégèse symbolisante, les prophéties de l’Ancien Testament concernant le peuple de Dieu ; si nous devons renoncer à donner aux termes bibliques leur valeur propre ; si le Royaume du Messie sur terre doit être regardé désormais comme une pure conception de l’esprit :

… alors, le plan de Dieu dans l’histoire aboutirait à un lamentable échec. Et ce ne sont pas les proclamations d’une seigneurie purement spirituelle du Christ, d’un règne purement intérieur, ou du seul Royaume céleste qui convaincront le monde de la réalité de cette seigneurie.

… alors, je devrais renoncer à comprendre le sens de l’Ancien Testament et de l’épître aux Romains quant à Israël, et je devrais renoncer à comprendre le sens du Nouveau Testament quant à l’Eglise : son origine, sa vocation et sa destinée (professeur André Lamorte, doyen de la faculté de théologie d’Aix-en Provence de 1939 à 1954).

Je rejoins pour ma part pleinement cette opinion. Les prophéties énoncées par Moïse sur le futur d’Israël alors qu’il n’est pas encore véritablement né, ne sont pas uniques. Elles sont étayées par de multiples autres que l’on trouve dans la bouche des prophètes qui l’ont suivi.

« Voici, les jours viennent, dit l’Eternel, où le laboureur suivra de près le moissonneur, et celui qui foule le raisin celui qui répand la semence, où le moût ruissellera des montagnes et coulera de toutes les collines. Je ramènerai les captifs de mon peuple d’Israël ; ils rebâtiront les villes dévastées et les habiteront, ils planteront des vignes et en boiront le vin, ils établiront des jardins et en mangeront les fruits. Je les planterai dans leur pays, et ils ne seront plus arrachés du pays que je leur ai donné, dit L’Eternel, ton Dieu : Amos 9,14-15. »

« Que les nations se réveillent, et qu’elles montent vers la vallée de Josaphat ! Car là je siégerai pour juger toutes les nations d’alentour. Saisissez la faucille, car la moisson est mûre ! Venez, foulez, Car le pressoir est plein, Les cuves regorgent ! Car grande est leur méchanceté,  C’est une multitude, une multitude, dans la vallée du jugement ; Car le jour de l’Eternel est proche, dans la vallée du jugement. Le soleil et la lune s’obscurcissent, et les étoiles retirent leur éclat. De Sion l’Eternel rugit, de Jérusalem il fait entendre sa voix ; les cieux et la terre sont ébranlés. Mais l’Eternel est un refuge pour son peuple, un abri pour les enfants d’Israël. Et vous saurez que je suis l’Eternel, votre Dieu, résidant à Sion, ma sainte montagne. Jérusalem sera sainte, et les étrangers n’y passeront plus : Joël 3,12 à 17. »

« Dans un instant de colère, je t’avais un moment dérobé ma face, mais avec un amour éternel j’aurai compassion de toi, dit ton rédempteur, l’Eternel.  Il en sera pour moi comme des eaux de Noé : j’avais juré que les eaux de Noé ne se répandraient plus sur la terre ; je jure de même de ne plus m’irriter contre toi et de ne plus te menacer. Quand les montagnes s’éloigneraient, quand les collines chancelleraient, mon amour ne s’éloignera point de toi, et mon alliance de paix ne chancellera point, dit l’Eternel, qui a compassion de toi : Esaïe 54,8 à 10. »

« Ainsi parle l’Eternel : Si je n’ai pas fait mon alliance avec le jour et avec la nuit, si je n’ai pas établi les lois des cieux et de la terre,  alors aussi je rejetterai la postérité de Jacob et de David, mon serviteur, et je ne prendrai plus dans sa postérité ceux qui domineront sur les descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Car je ramènerai leurs captifs, et j’aurai pitié d’eux : Jérémie 33,25-26. »

Non ! L’histoire de Dieu avec Israël n’est pas finie ! Et les temps qui viennent vont vite nous le démontrer !